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Les actualités de Cadfael

5 novembre 2022

Par action et par omission / Devices and desires (P.D. James)

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16 août 2022

La fleur de lune (conte de Tahiti)

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La fleur de lune (Conte de Tahiti)

Ora, le dieu de la danse et des plaisirs, rêvait de posséder une île où il se reposerait de ses longs voyages. Hélas ! Plus la moindre parcelle de terre inhabitée sur laquelle jeter son dévolu car l´Homme s´était tout approprié dans ce paradis.
Sur Tahiti, c´était l´heure où Maegaroa, l´Esprit de la Nuit, déroulait son manteau de ténèbres. Soudain, retentit le présage du Mouruiri, l´oiseau siffleur. Son cri déchira la nuit comme une longue plainte, annonçant aux hommes qu´un danger imminent les menaçait. Le sorcier, ceignant sa tiare de plumes de phaéton, interrogea les étoiles. C´est alors que la volonté du dieu Ora de créer une île lui parvint. Le sorcier comprit que le caprice d´Ora allait déchaîner la colère du Dieu des Océans, ce dernier refusant de céder un pouce de son territoire aquatique. Entre les deux colosses, un affrontement brutal allait avoir lieu.
Rassemblant les gens de sa tribu, le grand sorcier se mit en devoir de les conduire sur les hauts plateaux afin de les soustraire à la folie dévastatrice du dieu Ora. Arrivés sur le promontoire rocheux, les Tahitiens se tournèrent vers la mer, implorant la clémence des bons esprits, mais brusquement le vent se mit à souffler avec rage. Sa force fut telle qu´elle pliait les palmes des cocotiers. La mer écumait tandis que tremblait la terre. Les flots s´ouvrirent dans un mugissement plaintif et un volcan jaillit des entrailles de l´océan. Une grande secousse l´agita et un grondement monta du cratère. Le magma créateur s´en échappa soudain en longues coulées phosphorescentes. En flots continus et épais, il se déversait dans l´océan qui se mit à bouillonner. On aurait dit qu´il s´embrasait. Des vagues, qui atteignaient la taille d´un arbre, essayaient de contenir ces coulées mais rien ne pouvait arrêter le génie créateur du dieu Ora.
La chaleur devenait de plus en plus suffocante. L´air lui-même prenait feu. Alors les Tahitiens s´agenouillèrent autour de leur sorcier et, dans un pieux recueillement, écoutèrent la prière qu´il adressait au dieu de la Nuit :
-O Maegaroa, apporte-nous la paix et le silence. Fais cesser ce combat, calme la tempête. Pour te remercier, nous te promettons de faire de nos nuits une fête perpétuelle en ton honneur. Nous chanterons ta générosité et danserons pour te divertir.
Entendant ces paroles, la Lune se mit à pleurer de bonheur. Grâce à ces fêtes nocturnes, le Soleil ne se moquerait plus d´elle en l´appelant  « l´astre du sommeil ». Ses larmes de glace tombèrent en telle abondance qu´elles éteignirent le feu du volcan. Et la tempête se calma. Comme dans un rêve, le Soleil apparut alors. Dans la clarté dorée du jour naissant, sous les yeux émerveillés des Tahitiens, une île surgit. Mooréa, la belle, la merveilleuse, l´enchantée, était née des caprices d´un dieu pour le plaisir de l’homme.
Perdue au milieu de l’océan Pacifique, elle scintillait comme une pierre précieuse. Lorsque les Tahitiens redescendirent dans la vallée, ils découvrirent d’étranges fleur au ton de pureté. Elles avaient envahi toute la vallée durant cette nuit d’horreur. Avec leurs pétales repliés, on aurait dit de grands papillons endormis. Et les Tahitiens durent attendre le lever de la Lune pour voir s’ouvrir ces fleurs de beauté. Caressées par les doux rayons de l’astre de nuit, elles déplièrent leurs pétales veinés de nacre rose. Epanouies, pareilles à de légers papillons, elles s’apprêtaient à s’envoler vers les étoiles.
Maegaroa, le dieu de la Nuit, avait métamorphosé les larmes de la Lune tombant sur Tahiti en orchidées. En créant une fleur qui ne doit vivre que l’espace d’une nuit, il contraignait les Tahitiens à respecter leur engagement. Et depuis l’apparition de cette merveilleuse fleur de Lune, les nuits de Polynésie sont en effet devenues une fête perpétuelle.

15 mai 2022

Les deux Angels des films "X-Men"

Angel dans "X-Men L'affrontement final"  (Ben Foster)


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Angel dans "X-Men Apocalypse"  (Ben Hardy)

XMen-Apocalypse-Angel-In-Flight-600x338

1 avril 2022

Les inquiétants symptômes de RéInfoCovid

Les inquiétants symptômes de RéInfoCovid

William Audureau, Le Monde, 16/10/2021

Marie et Maximilien, habitants d’une commune rurale du Nord, envisagent de tout plaquer pour s’installer en Aveyron, dans un domaine qui pourrait devenir le lieu de vie des dirigeants du collectif RéinfoCovid. Emmené par Louis Fouché, ce réseau propage de fausses informations sur le vaccin et la pandémie.

L’annonce sur les sites d’immobilier est alléchante. « A vendre : corps de ferme avec cachet préservé sur une parcelle d’environ 2 000 mètres carrés exposé sud. » De l’extérieur, cette maison de brique rouge ne paie pas de mine, coincée entre deux bâtisses d’une calme bourgade de la campagne lilloise. La boîte aux lettres anthracite n’affiche aucun nom. Pourtant, c’est ici qu’est domicilié RéinfoCovid.fr, le site du collectif contre les restrictions sanitaires. Une voiture familiale est garée dans la cour. On toque à la porte, mais personne ne répond. Ce silence insistant, c’est celui d’une famille embarquée dans l’engrenage d’une possible dérive sectaire.
Selon les associations de protection contre les situations d’emprise mentale, ses propriétaires, Marie B., ancienne sage-femme reconvertie en institutrice, et Maximilien B., consultant formateur indépendant en marketing et élu municipal, envisageraient de quitter leur emploi, leur maison et leur bourgade, et de s’installer avec leurs trois enfants dans un village de l’Aveyron. Objectif : former une « arche de Noé », une sorte de refuge tourné vers la construction d’une société alternative. L’idée, qui suscite l’incompréhension et la terreur de leur entourage, a donné lieu cet été à de vives tensions intrafamiliales.
Dans le quotidien, le couple tente de donner le change. Marie, 40 ans, grande allumette aux yeux noirs et aux cheveux de jais coupés à ras, continue d’enseigner normalement dans une école de la région, tandis que son époux, Maximilien, 42 ans, carrure de rugbyman et barbe poivre et sel, ne fait jamais faux bond au conseil municipal, dont il est le premier élu de l’opposition. Mais leurs discours contestataires récurrents ont fini par attirer les soupçons de leurs proches, tout comme leur refus poli de se faire vacciner par la mairie, une exception parmi les membres du conseil municipal.

Une mère intelligente, un père charismatique

Malgré l’absence de pancarte « à vendre » sur leur maison, leur projet de changement de vie s’est ébruité. Tous ceux qui les côtoient décrivent une mère intelligente et un père charismatique. « C’était une famille modèle, des gens investis », se désole le directeur de l’école de leur communeMême impression d’une colistière de Maximilien B., qui se souvient d’un « chef d’entreprise directif, organisé, qui sait ce qu’il veut », d’un « couple très instruit ». Les proches partagent une même interrogation : comment deux époux aussi éduqués, stables et épanouis ont-ils pu ainsi dériver ?
Cette mue coïncide avec l’investissement du couple au sein du collectif RéinfoCovid, né à l’occasion de la crise sanitaire. Ce groupe informel, qui revendique 3 000 soignants, est à l’origine de nombreuses rumeurs anxiogènes sur les vaccins, enrobées d’un discours ésotérique sur les bienfaits du « retour au réel » et de la « sagesse du vivant ». Il partage des connexions avec des mouvements écologistes utopistes surveillés par les associations de lutte contre les dérives sectaires, comme l’anthroposophie, courant philosophico-religieux fondé par le penseur Rudolf Steiner (créateur de la pédagogie du même nom), ou les Colibris, organisation ruraliste créée par l’écrivain et agriculteur bio Pierre Rabhi.
La Miviludes (mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires), qui se dit « vigilante » au sujet du jeune mouvement RéinfoCovid, a déjà reçu plusieurs saisines le concernant. L’une d’elles mentionne le couple du Nord. Comme tant d’autres, les époux sont tombés sous le charme du fondateur du collectif, Louis Fouché, alors réanimateur-anesthésiste à l’hôpital de La Conception, à Marseille.
Ce trublion de 42 ans au regard malicieux et aux mimiques à la Tex Avery est longtemps resté anonyme : soignant dans le service des grands brûlés, il réalisait au printemps 2020 des pastiches viraux sur Facebook à propos de ce virus qu’il n’estimait pas aussi dangereux qu’on voulait le dire. Sa blouse blanche et son ironie suffisaient pour convaincre.
Nul ne connaissait alors son parcours, son penchant pour les médecines non conventionnelles, ni son engagement dans le mouvement Colibris. Louis Fouché, qui, comme la quasi-totalité des membres de son collectif, n’a pas donné suite à nos sollicitations, entre véritablement dans la lumière à la fin de l’été 2020, alors que s’esquisse une deuxième vague épidémique dont il conteste la réalité.
Le 16 août 2020, par courriel, il lance solennel­lement un « appel » à ses confrères de l’AP-HM [Assistance publique-Hôpitaux de Marseille] dans lequel il exhorte les médecins à faire corps contre les « lois liberticides », puis se rapproche de plusieurs médecins et penseurs dits « rassuristes », comme le sociologue de la criminalité Laurent Mucchielli. Mais, en disciple de Pierre Rabhi, Louis Fouché veut aller plus loin, « prendre [sa] part », comme il l’écrit sur la page d’un site du réseau Colibris, et fonder un collectif portant un projet de société fort, qui remettrait « l’Art » et le « Nous » au centre des préoccupations.
Le 6 octobre 2020, le site RéinfoCovid.fr est lancé. Celui-ci se présente comme une initiative scientifique collégiale de « soignants, médecins, chercheurs, universitaires », qui va jusqu’à la création d’un « conseil scientifique ­indépendant » pour aider les citoyens à « questionner, comprendre, sortir de la peur et agir ensemble ». Grâce à sa forte présence sur les réseaux sociaux et des relais dans des associations de parents d’élèves, il s’installe dans le paysage contestataire.
« Au début, Louis Fouché essayait de mobiliser des citoyens et des scientifiques, et ça ne paraissait pas malsain, se souvient Louise (le prénom a été modifié), une avocate qui a connu RéinfoCovid à ses débuts. Sauf que les scientifiques qui sont arrivés n’en étaient pas vraiment. » La plupart n’ont aucune compétence dans le domaine de l’épidémiologie, s’expriment sur des thématiques éloignées de leur expertise, ou encore font preuve de raisonnements caricaturaux, à l’image d’un de ses premiers membres, le docteur Denis Agret, qui prétend, dans une boucle d’e-mails, défendre la « vérité » face à une « sphère capitalo-dictatoriale ».
Prosélyte par nature, le collectif tend les bras aux inquiets, quel que soit leur parcours ou leur profil. Chanteur, professeur de violon, écrivaine autoéditée… Dès novembre 2020, les propos des universitaires sont dilués au milieu de ceux de citoyens ­mi-paniqués, mi-décidés à ­agir. Parmi ceux-ci, Marie et Maximilien B.
Coincée dans sa ferme, l’institutrice a très mal vécu le premier confinement, qu’elle a passé à coudre frénétiquement des masques artisanaux. Puis, lorsque la deuxième vague de Covid-19 déferle, l’irruption de protocoles sanitaires à l’école et le développement fulgurant de vaccins la plongent dans un profond désarroi. « Rien n’avait de sens pour moi, je ne comprenais pas », répète-t-elle, hagarde, dans une vidéo du ­collectif intitulée « Les gardiens du vivant », sa seule prise de parole publique, qui a depuis été supprimée. « A force de me renseigner, y détaille-t-elle, aux vacances de la Toussaint, là je me suis dit, ça suffit, il faut passer à l’action. »
De son côté, son mari a échoué aux élections municipales de juin 2020 : sa liste n’a réuni que 32 % des suffrages. Maximilien, qui a toujours baigné dans la politique, doit se contenter de trois places au conseil municipal, et sa femme a perdu son siège. Pour le couple, cette année 2020 est décidément une année noire. Leur rencontre personnelle avec Louis Fouché, à l’automne, sera leur éclaircie. A l’angoisse de l’incertitude scientifique, le médecin oppose un discours dédramatisant sur la crise sanitaire. Puis, contre l’amertume de l’échec personnel, il propose sa confiance et une montée en responsabilité ­flatteuse.
« Entrée en résistance », comme elle se décrit, Marie se met à distribuer des tracts pour RéinfoCovid. Puis, après quelques semaines seulement, Louis Fouché promeut Maximilien responsable de la communication du groupe, et charge Marie du développement du jeune collectif au niveau national à travers des « antennes locales bébés RéinfoCovid », comme les appelle l’ancienne sage-femme.
Suivant le leitmotiv de leur nouvel ange gardien, les voilà qui ont « transformé la peur en prudence et la colère en courage ». Le couple devient un élément central du collectif, au point d’accepter de domicilier dans sa maison les statuts du site RéinfoCovid.fr, puis ceux de sa coquille légale, RéinfoLiberté. Le 9 décembre 2020, Marie crée sur son canal de discussion interne, la messagerie instantanée Discord, un groupe consacré à son expansion. En image de profil, une silhouette de femme brisant ses chaînes.
Au sein de RéinfoCovid s’engouffrent dès l’automne 2020 des homéopathes, des naturopathes, des acupuncteurs, des adeptes de la pensée new age ; des fans de Trump et ses zélotes de la mouvance conspirationniste Qanon, convaincus de combattre un vaste trafic pédosatanique, ou encore des « Etres souverains », autre mouvance anarchiste conspirationniste ne reconnaissant pas l’Etat. L’évolution des conversations est à l’avenant. Loin de la « prudence » revendiquée en public par Louis Fouché, les membres se partagent sur Discord d’exotiques rumeurs affirmant que la neige serait artificielle, ou que les tests PCR serviraient au fichage ADN.
Louis Fouché lui-même s’affiche en novembre sur YouTube avec la complotiste suisse Ema Krusi, qui soutient que les vaccins sont liés à la 5G et que Bill Gates est poursuivi pour crime contre l’humanité. Le collectif bascule dans des représentations paranoïaques de la société. « Au départ, il y avait des gens sympas, mais sur le Discord, j’ai vu arriver tout ce qu’il y avait de pire en termes de désinformation et de conspirationnisme, se désole Louise. Des personnes sincères, normales, juste inquiètes, qui cherchaient des réponses simples, se sont fait laver le cerveau en un rien de temps. »
Le couple ne reste pas insensible à ce mélange foutraque de complotisme échevelé et d’utopisme new age. A force de recherches Internet sur des sites douteux, Marie B. plonge dans un monde de représentations noires. « Avant d’écrire à RéinfoCovid, j’étais très angoissée, relate-t-elle encore dans la vidéo “Les gardiens du vivant”. L’angoisse est passée, je suis beaucoup moins en colère, mais ça m’arrive encore. J’ai surtout très peur, et la peur, je n’arrive pas à l’enlever. »


D'inquiétants monologues

La mère de famille, qui avait ouvert son premier compte Facebook spécia­lement pour les municipales, se met à l’hiver 2021 à publier d’inquiétants monologues contre les scandales de la ­dictature sanitaire et les complots qu’ourdiraient des élites fantasmées, jusqu’à se laisser convaincre que la seconde guerre mondiale a été orchestrée par la famille Rothschild. « Elle ne devait pas avoir beaucoup d’amis sur ces sujets, car même si ses posts étaient très longs, personne ne répondait », constate avec empathie une colistière.
C’est le début de l’isolement. « J’ai arrêté de les côtoyer car je n’étais plus en phase avec leurs postures », résume pudiquement un partenaire de campagne électorale de leur village. Enfermé dans sa bulle, le couple n’entend plus les voix discordantes. « J’ai essayé de la recontacter pour lui dire d’être vigilante, lui conseiller de s’informer autrement, je lui ai donné des arguments », égrène Louise, qui l’a vue entrer dans le collectif et a tenté de l’en faire sortir en même temps qu’elle. « Mais c’était déjà trop tard. Nos contacts se sont arrêtés là : il n’y avait plus de discussion possible. »
Surtout, la déchirure se fait intime. Interrogée à propos de sa famille dans un entretien vidéo mené par Louis Fouché, l’institutrice raconte d’une moue embarrassée que celle-ci est divisée à « cinquante-cinquante ». Sa détresse et sa tristesse affleurent. Les proches de Marie au sein du ­collectif le savent : elle est désormais en froid avec les siens. Eprouvée, sa famille n’a pas ­souhaité commenter.

Un "cercle de coeur" en guise d'état-major

En retour, Marie s’investit de plus en plus dans RéinfoCovid. En début d’année 2021, face à l’afflux de nouveaux membres venus de toute la France, Louis Fouché réorganise son mouvement en cercles concentriques. Au plus haut niveau, il constitue un état-major informel d’une vingtaine de personnes de confiance, le « cercle cœur » − nouvel emprunt aux Colibris. Maximilien et Marie y côtoient des citoyens en colère, des ­naturopathes ou encore des mystiques fiévreux, qui se réunissent chaque lundi en ­visioconférence pour discuter de la stratégie du collectif.
L’appartenance à ce cénacle est d’autant plus gratifiante que, en apparence au moins, l’organisation y est horizontale. « J’ai vu beaucoup de gens aller bien car ils avaient l’impression d’agir, de reprendre le contrôle, mais au fond, c’est Louis qui gère », témoigne Terry (qui souhaite garder l’anonymat), qui fut membre pendant plusieurs mois de ce « cercle cœur », au sein duquel il était notamment chargé de la vidéo.
e noyau dur partage ses idées sur la crise sanitaire qui serait un « déferlement totalitaire », la supériorité des médecines alternatives, et le besoin de laver la société de ses maux. Comme l’anesthésiste le déclame dans une lettre pleine de lyrisme, « cette crise est une révélation, un dévoilement, une apocalypse. Et après l’apocalypse vient un autre monde ». Autour de lui, le « cercle cœur » aspire à aller vers un ­nouveau modèle de société, qu’ils entendent définir, construire, et même inaugurer. A la mi-mai, Marie et Maximilien B. prennent le volant et parcourent plus de 800 kilomètres pour se retrouver en chair et en os avec leur nouvelle famille, dans un lieu en Aveyron.


Olivier Soulier, l'autre personnage-clé

Après avoir passé Saint-Cyprien-sur-Dourdou, une sage commune d’environ 800 habitants dont les façades de grès couleur saumon s’étalent dans le sac de la vallée de Conques, une route s’élève jusqu’à une clairière. C’est là, dans l’ancienne ­propriété de son grand-père, ancien maire du village, que le médecin Olivier Soulier, autre personnage-clé de RéinfoCovid, a établi sa résidence de villégiature. A la mi-mai, il y a accueilli une partie du « cercle cœur », dont Louis Fouché et le couple B.

Au fin fond de l’Aveyron, nid de douces sorcelleries, Olivier Soulier ne détonne que par sa stature. Cet homéopathe et acupuncteur, dont le cabinet est situé à Marcq-en-Barœul (Nord), est une sommité nationale dans le monde de la médecine alternative, avec ses multiples livres et congrès donnés depuis 1988 à travers la France. « C’est un vrai médecin, très diplômé, pas un médecin alternatif. Mais c’est vrai que ses conférences sont aussi intéressantes qu’étonnantes », hésite Bernard Lefebvre, maire de Conques-en-Rouergue, la commune nouvelle dont dépend Saint-Cyprien-sur-Dourdou. « C’est un très grand monsieurMais si vous venez vous faire soigner chez lui, n’espérez pas être remboursé par la sécurité sociale », ajoute avec un sourire entendu Gaston, un artisan qui a fait les finitions de sa piscine.
Depuis de longues années, le généraliste aux airs de jeune premier s’est en effet spécialisé dans ce qu’il appelle la « médecine du sens ». Rien d’illégal mais il jure dans la presse naturopathique que le corps « a une sagesse » et, dans une vidéo du « conseil scientifique indépendant », prescrit le Mertensia maritima, la plante au goût d’huître, contre le Covid-19.
Le couple nordiste l’a rencontré pour la première fois chez eux, à la première réunion de la jeune antenne locale qu’ils avaient créée, RéinfoCovid Nord-Pas-de-Calais, le 18 janvier 2021. Au milieu de citoyens désorientés avides de contre-discours, ce conférencier au ton si enveloppant avait alors séduit son auditoire. « Il joue de son autorité de blouse blanche, prétend guérir avec les symboles, du grand n’importe quoi, fulmine Louise, restée de marbre ce ­jour-là, et effarée par le manque de réactions. Je me suis rendu compte que si les gens commençaient à faire confiance à ce genre de personnes, ça allait dérailler. »


En quête d'argent

Olivier Soulier, qui officie toujours comme médecin, fait aujourd’hui partie des dirigeants du collectif. C’est lui qui, dans une vidéo récente, invite ses sympathisants à verser de l’argent à RéinfoLiberté, la structure légale fraîchement montée par RéinfoCovid pour engager des procédures judiciaires et se financer. Lui aussi qui fournit au « cercle cœur » sa base reculée, dans l’anonymat de l’Aveyron.
Le domaine, qui constitue un hameau, porte les traces d’un long abandon. A l’entrée, marquée par un visage sculpté sur une épaisse pierre posée à côté d’un autel, des fougères se prélassent dans une baignoire abandonnée. Une bétonnière ici, quelques cadavres de bières plus loin : le lieu est à la recherche d’une seconde vie. Le médecin nordiste en a racheté l’usufruit en 2015. Il emploie régulièrement des artisans du bourg pour participer à sa lente rénovation. Une piscine a déjà été creusée ; les dépendances, elles, sont en travaux, mais peuvent déjà recevoir des convives, comme elles l’ont fait à la mi-mai.
Quelle était alors la raison d’être de cette réunion qui a tant alimenté les rumeurs et les inquiétudes ? Marie et Maximilien n’ont jamais donné suite à nos demandes de contact. « C’était un week-end pour tous ceux qui participent à la stratégie [du collectif]. Ils se sont réunis pour griller des saucisses entre copains, ce n’est pas allé plus loin », assure Terry, qui n’a pas pu en être. Selon plusieurs associations de lutte contre les dérives sectaires aux antennes tournées vers l’Aveyron, il s’agissait plutôt d’un moment ésotérique, un « pow wow », c’est-à-dire « une réunion dans un lieu sacré où l’on se purifie », décrypte Catherine, une rebouteuse qui connaît les usages du coin.


Une petite communauté

Le domaine détenu par Olivier Soulier offre en tout cas les infrastructures les plus adaptées pour l’installation d’une petite communauté. Louis Fouché n’a jamais caché sa volonté de créer un écolieu, un village soudé par des valeurs ­écologiques et sociales communes, de même qu’il promeut volontiers l’école à la maison, des réseaux de soins alternatifs et de nombreuses autres formes d’organisations parallèles. « Louis encourage à rester dans le système et à le combattre de l’intérieur, assure Terry. Ce n’est pas comme Alice [des Etres souverains, qui a récemment acquis un domaine dans le Lot]. RéinfoCovid ce n’est pas du tout ça, il n’y a pas de volonté de faire sécession. » Le collectif a même soutenu des listes politiques intitulées "Un nôtre monde", aux élections régionales de juin.

Mais depuis qu’en juillet Louis Fouché a quitté son poste hospitalier sous la pression de l’AP-HM, son discours glisse de manière de plus en plus marquée vers la rupture. « C’est le moment d’aller jusqu’au bout de votre pensée. Il y a moyen de manger, il y a moyen de survivre, il y a moyen de se loger », explique-t-il dans une vidéo destinée aux non-vaccinés, tout en promettant une société meilleure à « ceux qui survivront ».
Simple métaphore, ou vrai appel à un projet alternatif ? Si l’on en croit les signalements auprès des associations de lutte contre les dérives sectaires et les témoignages de proches recueillis par M Le magazine du Monde, plusieurs membres, comme Marie et Maximilien, se sont déjà engagés dans la voie d’un changement de vie, quittant pour certains leur emploi, pour d’autres leur domicile, parfois les deux, pour fonder des lieux bâtis dans l’opposition au discours scientifique et les promesses new age.


Un discours plus radical

Les observateurs ne s’en étonnent guère : l’ambiance au sein de RéinfoCovid flirte régulièrement avec le culte de la personnalité, et la parole de Louis Fouché y vaut pour beaucoup parole d’évangile. Toutefois, si la vigilance est de mise, la Miviludes estime « que tous les éléments qui caractérisent l’emprise sectaire ne sont pas réunis ». Les associations surveillent néanmoins le collectif comme le lait sur le feu. Selon plusieurs sources locales, le couple est revenu en août dans l’Aveyron pour une nouvelle réunion avec le « cercle cœur », et participer aux travaux de rénovation du domaine d’Olivier Soulier. Leur départ pour cette « arche de Noé » ne serait plus qu’une question de temps. Si les deux aînés, bientôt majeurs, ont quitté le ­domicile familial à la rentrée, les craintes se portent désormais sur la benjamine de 11 ans, qui n’aurait d’autre choix que de suivre ses parents. Pour autant, le projet peut encore évoluer, en fonction des directives de Louis Fouché. Depuis peu, son discours semble se radicaliser un peu plus. « La voie de RéinfoCovid est une voie de la non-violence, c’est une voie ghandienne, expliquait-il début octobre. Mais Gandhi l’a dit lui aussi, ceux qui n’arrivent pas à rester dans la non-violence, il faut bien qu’ils fassent quelque chose. Chacun fera comme il peut. » La maison en briques du Nord n’attend plus qu’un acquéreur.

 



13 mars 2022

Saints d'Irlande

06-2


Saint Bridget of Kildare.  Texte en anglais puis en français juste après.

Although Bridget is probably the best-known Irish saint after Patrick, her life cannot be documented with much certainty. Cogitosus' Life of Bridget was written not much more than a century after her death, but he was mainly concerned with recounting her many miracles. She may have been born in Co. Kildare, c. 457, but local tradition suggests Faughart, Co. Louth. Her parents, Dubtach and Brocseach, may both have belonged to noble families, though one account suggests that Bridget's mother was a slave in Dubtach's household. It is generally accepted that Brocseach was a Christian. Dubtach may also have been one, or perhaps converted from paganism in later life. Bridget was noted for her generosity to the poor, and as a child once gave away her mother's whole store of butter. Fortunately, her prayers were answered, and the store of butter was miraculously renewed.
Her father may well have welcomed her decision to take the veil, once she had rejected his choice of a husband for her. With seven other young women robed in white, she took her vows before Saint Mel, the abbot and bishop of Longford, and it is said that he mistakenly consecrated her a bishop. When seeking land for her community, she asked the King of Leinster only for as much as her cloak would cover. The cloak miraculously spread over the whole of the Curragh, an area of grassland famous then and now for horse-racing.
In Ireland, christianity did not supplant paganism so much as superimpose itself on Celtic tradition. Sites of pagan worship or superstition quickly became associated with christian worship and belief. Bridget's feast day, for example, falls on 1 February, the date of Imbolg, the pagan festival of spring. Significantly, Bridget was also the name of a pagan goddess, and even seems to have been used as a general name for Irish goddesses, for the name means "the exalted one". The attributes of the pagan Bridget, such as healing powers, learning and poetic skill, were readily perceived  in the saint who established a convent at Kildare. The name Kildare means "church of the oak", and there was probably a pagan sanctuary with a sacred fire which burned for centuries into the christian era. By the time of Bridget's death, c. 525, Kildare had become an important centre of learning.
The saint travelled by chariot throughout Ireland, carrying on Patrick's work of conversion, but there is no evidence that they ever met. Many miracles of healing are attributed to Bridget, such as curing lepers and giving speech to the dumb. There are tales of her turning water into ale or stone into salt, and many concern her rapport with animals. She also negociated the release of captives. Perhpas the best-known story is of her visit to a dying pagan chieftain. While she prayed, she plaited rushes into a cross. The chieftain heard her account of the cross as a christian symbol, and was converted and baptised before he died; It is still customary in 1 February to plait Saint Bridget's crosses, in the hope that they will protect a household in the year ahead.
Bridget has been called "Mary of the Gaels" and a common salutation in the Irish language expresses the hope that "Mary and Bridget be with you". Her influence is not confined to Ireland, however, for she has been revered throughout the ages in innumerable countries. One legend is that the medieval Knights of Chivalry chose Saint Bridget as their patroness, and that it was they who first chose to call their wives "brides".

Traduction : 
Bien que Bridget soit probablement la sainte irlandaise la mieux connue après Saint Patrick, peu d'éléments certains existent sur sa vie. L'ouvrage La vie de Bridget de Cogitosus a été écrit environ un siècle après sa mort, et il recense ses miracles. On pense qu'elle est née vers 457 dans le comté de Kildare. D'autres traditions suggèrent comme lieu de naissance Faughart, dans le comté de Louth. De ses parents, Dubtach, son père, et Brocseach, sa mère, on ne sait pas grand-chose. Des nobles, peut-être ? Ou bien, un autre récit mentionne que Brocseach était une esclave de Dubtach. Il est admis que Brocseach était chrétienne, on ne sait pas avec certitude au sujet de Dubtach, peut-être l'était-il, ou peut-être s'est-il converti. Bridget était connue pour sa générosité envers les pauvres. Un épisode raconte qu'enfant, elle donna aux pauvres tout le beurre de sa mère. Après qu'elle eut prié, le beurre réapparut dans le garde-manger.
On pense que son père accepta plutôt bien son choix de rentrer dans les ordres, après qu'elle eut rejeté une proposition de mariage. Avec sept autres femmes vêtues de blanc, elle prononça ses voeux devant Saint Mel, l'abbé et évêque de Longford. On rapporte que par erreur, il l'aurait consacrée évêque. Recherchant un domaine pour sa communauté, elle demanda au roi de Leinster un terrain d'une surface que couvrirait sa cape. Un miracle se produisit, la cape s'étendit sur toute la surface de la plaine du Curragh, cette plaine où s'organisaient (et s'organisent toujours) des courses de chevaux. En Irlande, le christianisme n'a pas supplanté le paganisme, il y a des endroits où il s'est superposé à la tradition celtique païenne. Bien des lieux en Irlande sont à la fois des lieux sacrés chrétiens et païens. La Sainte Bridget tombe le 1er février, le même jour qu'Imbolg, fête païenne du printemps. "Bridget", qui signifie "l'exaltée", est le nom d'une déesse païenne, ou même un nom générique pour désigner les déesses païennes. Les qualités associées à la Bridget païenne (pouvoir de guérison, érudition, art poétique) dérivèrent rapidement sur la sainte chrétienne. Le mot "Kildare" signifie "Eglise du chêne", la ville était sans doute déjà un lieu sacré aux temps païens, doté d'une flammée sacrée. Quand Bridget mourut, vers 525, Kildare était devenu un important centre religieux et intellectuel.
Il est mentionné que la sainte voyageait dans le pays sur un char et prêchait. De nombreux miracles lui sont attribués (on dit qu'elle a guéri des lépreux, redonné la parole à des muets, transformé l'eau en bière et des pierres en cristaux de sel). D'autres éléments parlent du rapport privilégié qu'elle entretenait avec les animaux. Elle joua aussi la négociatrice pour libérer des captifs. Une légende célèbre raconte qu'elle convertit un chef de tribu en lui parlant du christianisme tout en confectionnant une croix avec des tiges de joncs. L'influence de Bridget en Irlande est telle qu'elle est parfois surnommée "la Marie des Gaéliques". Une vieille salutation disait "Que Marie et Bridget soient avec toi." Mais elle est aussi révérée dans d'autres pays. Le mot anglais "bride" (la mariée) viendrait du nom "Bridget".

Saint 
Ciarán of Clonmacnoise

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A carpenter’s son, Ciarán was born c. 512 in Co. Roscommon, and studied under Saint Finnian at Clonard. Like several other saints, Ciarán had an affinity with animals, it is said that a fox had been his companion in childhood and that during his time at Clonard, he would rest his book on the antlers of a tame stag. Ciarán also visited the monasteries of Saint Enda in the Aran Islands and Saint Senan on Scattery Island, Co. Clare. The first monastery he founded was on Hare Island in Lough Ree, but it was farther down the river Shannon that he began the monastery of Clonmacnoise, c. 545. On the Aran Islands, Ciarán had dreamt of a great fruit tree with branches spreading into the four corners of Ireland. Clonmacnoise was the realisation of that dream, for it became one of the great schools in Europe. In Ireland, it was second only to Armagh and as a centre of literature and art it was unequalled, as evidenced by surviving manuscripts and artefacts, including the high crosses and grave-slabs which still grace the site. It was unusual, too, in that its abbots were often of humble origins like the founder. Ciarán, unfortunately, did not live to see the full flowering of Clonmacnoise, for he died seven months after work began.

Fils de charpentier, Ciarán naquit vers 512 dans le comté de Roscommon, et fut l’élève de Saint Finnian à Clonard. Comme plusieurs autres saints, il aimait les animaux, on raconte qu’il eut pour compagnon un renard dans son enfance et que, lorsqu’il était à Clonard et qu’il lisait, il posait le livre sur les bois d’un cerf apprivoisé. Ciarán visita le monastère de Saint Enda dans les îles d’Aran et celui de Saint Senan sur l’’île Scattery (comté de Clare). Le premier monastère qu’il fonda fut celui de Heir Island à Lough Ree, mais ce fut bien en aval de la rivière Shannon qu’il fonda le monastère de Clonmacnoise vers 545. Alors qu’il était sur les îles d’Aran, il rêva qu’au centre de l’Irlande poussait un arbre fruitier dont les branches s’étendaient jusqu’aux quatre coins de l’Irlande. Clonmacnoise concrétisa ce rêve : le monastère devint l’un des grands centres religieux d’Europe. En Irlande, sa renommée venait deuxième après celle du monastère d’Armagh, et dans le domaine de la littérature et de l’art, il n’avait aucun égal. Subsistent de cette époque des manuscrits, des objets, ainsi que les grandes croix de pierre et les pierres tombales qui ornent le site. Les abbés qui succédèrent à Ciarán furent d’origine modeste, ce qui était inhabituel. Ciarán, malheureusement, ne put être témoin du rayonnement de Clonmacnoise : il mourut sept mois après le début de la construction du monastère

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28 janvier 2022

À Marseille, le retour d'un malade violent en psychiatrie entraîne une grève des soignants

Depuis une dizaine d'années, ce colosse de 2,04 m doté d'une force phénoménale sème la terreur dans les établissements où il est placé.

Par Sophie Manelli, La Provence, 28/01/2022
Au pôle psychiatrique de La Conception, la nouvelle s’est répandue comme une traînée de poudre. Le malade que tous les agents des hôpitaux psychiatriques de la région appellent "Monsieur D" va y faire son retour lundi.

Depuis une dizaine d’années, ce colosse de 2,04 m doté d’une force phénoménale sème la terreur dans les établissements où il est placé. Suivi en psychiatrie depuis ses 16 ans, ce quinquagénaire est "un cas hors normes, qui devient agressif et violent à la moindre frustration", explique un infirmier qui en a eu la charge. Chacun de ses passages dans une unité psychiatrique ouverte se traduit invariablement par des agressions de personnel ou d’autres malades, des dégâts matériels, des tentatives de fuite.
En 2008, l’ingérable "Monsieur D" avait suscité une grève du personnel du pôle psy de La Conception. "Il casse tout, y compris les soignants… Il faut jusqu’à 19 personnes pour le maîtriser. Deux infirmières ont dû sauter par la fenêtre pour lui échapper", expliquait alors un infirmier. Lors d’une autre hospitalisation, "il avait réussi à sortir de l’hôpital, avait saccagé un bus, et retourné la voiture des policiers qui tentaient de l’appréhender".

Un cas unique en France

En 2008, deux experts psychiatres avaient préconisé que "Monsieur D" soit accueilli à tour de rôle dans différents établissements, pour des périodes n’excédant pas six mois. 7 postes équivalents temps plein d’infirmier ont été financés pour sa prise charge exclusive. "Un cas unique en France", souligne un psychiatre de l’AP-HM. Depuis, ce malade écume les hôpitaux psychiatriques de la région : Montperrin à Aix, Valvert, Édouard-Toulouse, Sainte-Marguerite et La Conception à Marseille. Des séjours entrecoupés de placements en unité pour malades difficiles (UMD), à Montfavet dans le Vaucluse, ou dans d’autres régions. Ces structures fermées prennent en charge les pathologies mentales aiguës et des malades présentant de graves troubles du comportement mais elles sont peu nombreuses en France. Le placement d’un patient y est réexaminé tous les six mois par des experts.

14 agents en arrêt

C’est donc ce patient problématique qui doit être transféré lundi de Montfavet au pôle psychiatrique Conception, sur injonction préfectorale, pour une durée de 40 jours. "Le personnel infirmier a tellement peur de se prendre des coups que les 14 agents de l’unité se sont mis en arrêt maladie, et les infirmiers des autres unités refusent de faire des heures supplémentaires pour les remplacer", indique une source interne.

Dans un contexte d’épuisement et d’absentéisme des soignants pour cause de Covid, le retour de "Monsieur D" fait déborder le vase. "Dès que nous avons appris ce transfert, nous avons écrit au préfet pour l’alerter de la situation, mais nous n’avons pas reçu de réponse", explique Jean-Michel Carayol, délégué FO AP-HM. Ce vendredi, le syndicat a déposé un préavis de grève ouvrant la possibilité d’une négociation dans les 5 jours. "La direction envisage de fermer des unités pour permettre au personnel de se concentrer sur ce seul malade. Mais c’est une solution bancale. Ce que nous réclamons, c’est que des crédits soient débloqués pour des moyens supplémentaires en personnel, afin que la sécurité des soignants et des autres malades puisse être assurée". Contactée ce vendredi, l’Agence régionale de santé n’a pas donné suite.

Internes en grève

L’Entonnoir, syndicat des internes de psychiatrie au sein des hôpitaux de Marseille, a lancé en début de semaine un appel à la grève. En cause, l’expérimentation lancée au sein du circuit des urgences psychiatriques de l’agglomération marseillaise qui suspend l’obligation de présence d’un psychiatre sénior pendant la nuit. Présence "plus qu’essentielle dans l’expertise psychiatrique et dans la mise en place de soins sous contraintes liés à la pathologie psychique", alertent les internes.

Cette expérimentation mise en place par les différents hôpitaux (AP-HM, Édouard-Toulouse et Valvert) est censée répondre à une pénurie médicale sur le territoire. Les internes y voient une dégradation de la prise en charge et de la sécurité des patients, "particulièrement ceux résidents dans les quartiers Nord". Ce genre de décision "finira par venir à bout des vocations hospitalières qui se raréfient déjà", estiment-ils.

7 décembre 2021

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